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I Qu'un autre, en des vers plus faciles, Chante l'amour ou le bon vin, Je veux de sujets moins futiles, Ce soir, composer mon refrain. Il sera court; peu vous importe : Et vous le trouverez toujours bon Car mes amis il vous rapporte Je veux vous chanter le charbon
II Jadis la forêt sombre et verte, Pour nos besoin couvrait le sol. Elle n'est plus ! Plaine déserte, C'est la maison après le vol; Alors qu'à fait la tendre mère, Dont l'homme est le cher nourrisson ? Ouvrant ses flancs, la vieille terre Nous a dit : prenez le charbon.
III Cheval de flemme et de fumée Qui disparaît dès qu'on t'a vu Laissant rêver l'âme étonnée, Qui te suit jusqu'à l'inconnu ? À quoi dois-tu l'élan rapide Qui te rapproche de l'horizon À la vapeur, cratère humide, Éclos à l'ardeur du charbon
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IV Regardez cette cheminée, Comme un géant, là-bas ! Là-bas ! Le front perdu dans la nuée, C'est le poumon de mille bras; Les lourds marteaux battent l'enclume, Le fer se tord, le métal fond; Tous ces foyers, qui les allume ? N'est-ce pas encore le charbon !
V Si le charbon est nécessaire Autant que l'eau, l'air et le pain, Honorons donc qui va l'extraire En escomptant son lendemain; Le mineur qui périt sans gloire Vaut bien un soldat de renom. Chaque journée a sa victoire; Honneur aux chercheurs de charbon !
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